Photovoltaïque : quelles conséquences après la baisse des aides et des tarifs de rachat ?

Photovoltaïque : quelles conséquences après la baisse des aides et des tarifs de rachat ?
Le secteur solaire résidentiel connaît un bouleversement important. L'État a récemment publié un décret modifiant à la baisse plusieurs dispositifs de soutien, dont les tarifs de rachat de l’électricité et la prime à l’autoconsommation. Derrière ces baisses, une volonté de réorienter les pratiques, mais aussi un risque de désengagement temporaire du grand public.
Un soutien public revu à la baisse
Depuis le mois de mars 2025, les nouvelles règles publiées par le gouvernement s’appliquent aux installations solaires de moins de 500 kilowatts-crête (kWc). Ce segment, souvent désigné par le nom de S20, concerne en grande majorité les installations des particuliers. Ces projets bénéficient, sous certaines conditions, d’un contrat d’obligation d’achat pour l’électricité produite et non consommée.
Jusqu’à récemment, ce rachat du surplus se faisait à un tarif relativement attractif. Désormais, ce tarif chute de manière significative.
Le tarif de rachat du surplus d’électricité solaire est passé de 12,7 centimes à environ 4 centimes d’euro par kilowattheure. Cette baisse équivaut à une division par trois. De même, la prime à l’autoconsommation, versée un an après l’installation, subit une nouvelle réduction. Déjà diminuée de 40 % l’année précédente, elle était de 220 €/kWc pour les petites installations jusqu’à 3 kWc, et de 160 €/kWc jusqu’à 9 kWc. Elle est désormais fixée à 80 €/kWc, selon les termes du décret publié fin mars.
Un allègement fiscal à venir
À compter du mois d’octobre, la TVA sur les installations solaires de moins de 9 kWc sera abaissée à 5,5 %, quel que soit leur niveau de puissance. Ce taux unique remplace l’ancien dispositif à deux vitesses, où la TVA était de 10 % pour les petites installations et de 20 % pour les puissances supérieures à 3 kWc. Cette harmonisation fiscale pourrait compenser, au moins partiellement, la baisse des aides financières. Elle évitera aussi que les particuliers brident leur équipement pour rester sous le seuil des 3 kWc, comme cela s’observait jusque-là.
Une rentabilité toujours possible, mais sous conditions
Le tarif de rachat initial, même à 12,7 centimes par kilowattheure, était inférieur au coût de l’électricité achetée par les ménages, qui dépasse actuellement les 20 centimes au kilowattheure. Dans ces conditions, les propriétaires de panneaux avaient déjà intérêt à maximiser leur consommation directe d’énergie solaire. Avec un tarif de rachat à 4 centimes, ce modèle s’impose encore davantage.
En optimisant l’usage de l’énergie produite – en particulier en augmentant le taux d’autoconsommation de 30 % à 50 % –, il est possible de maintenir une rentabilité raisonnable. L’idée consiste à caler la consommation électrique sur les périodes de production solaire. Cela implique l’usage de dispositifs programmables ou pilotables comme les ballons d’eau chaude ou les bornes de recharge pour véhicules.
Une mise en œuvre mal synchronisée
L’un des principaux points de tension réside dans le calendrier d’application des mesures. Les baisses des tarifs de rachat et de la prime à l’autoconsommation s’appliquent immédiatement, dès la publication de l’arrêté fin mars. En revanche, la TVA réduite ne prendra effet qu’en octobre. Ce décalage crée une période de sept mois pendant laquelle les projets deviennent moins attractifs financièrement.
Claire Bertrand, membre d’un collectif de professionnels de l’énergie, explique que "ce vide temporaire risque de bloquer de nombreux projets et de ralentir les ventes d’installations photovoltaïques, au détriment de toute la filière".
Le décret prévoit qu’un arrêté viendra préciser les conditions nécessaires pour obtenir la TVA à 5,5 %. Il est probable que seules les installations permettant le pilotage ou le stockage de l’électricité produite soient éligibles. Ce critère viserait à favoriser un usage plus intelligent et autonome de l’énergie solaire. Par ailleurs, une clause européenne pourrait exiger que les équipements soient fabriqués dans l’Union, à mesure que de nouvelles usines – ou "gigafactories" – ouvrent en France et ailleurs.
Au-delà des impacts financiers immédiats, ces nouvelles règles traduisent une volonté de réorienter la stratégie énergétique résidentielle. Le modèle de l’autoconsommation devient la norme. Il ne s’agit plus de produire pour revendre, mais de produire pour consommer, de manière intelligente. Si cette évolution demande un effort d’adaptation, elle pourrait renforcer la résilience énergétique des foyers et réduire leur dépendance au réseau national.